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La terre c’est la vie

Cette année, le Carême de partage 2023 nous entraîne au Brésil, le pays d´Helder Câmara (1909-1999), prophète de la Justice entre les peuples. Il nous est demandé d´écouter le CRI PROFOND DES INDIENS D´AMAZONIE ET DES PETITS PAYSANS DU CERRADO, victimes de la déforestation sauvage et de l´invasion brutale de leurs terres.

"La terre, c´est la vie" crient-ils, sans se décourager. Pour les Indiens, la relation à la

« Mère Terre » est essentielle : c´est elle qui les nourrit et les relie à leurs ancêtres ; outre ce rapport affectif avec la terre, il y a aussi un profond respect pour la Nature, qui n´est pas considérée comme source de profit ni objet de spéculation commerciale. Quant aux paysans, ils sont également attachés à la terre, qui leur procure subsistance, indépendance et dignité.

Fruit de la colonisation portugaise (1500-1822), la distribution de la terre au Brésil, pays grand comme 280 fois la Belgique, est un scandale : 45 % des terres agricoles sont concentrées dans les mains de quelques propriétaires, alors que les petits agriculteurs détiennent, à peine, 3 % des terres cultivables. La réforme agraire, réclamée sans cesse par l´Eglise Catholique, est au point mort car la possession de la terre reste un symbole fort de pouvoir et les possédants refusent obstinément toute limitation à leur droit de propriété.

Avec l´avancée de l´agro-business et de l´agro-industrie, avec l´adoption de grands projets hydroélectriques et miniers, les écosystèmes complémentaires, que sont la forêt amazonienne, avec son extraordinaire biodiversité, et le Cerrado (région des savanes), riche en eau potable, en sont arrivés au point de non retour. Il faut de toute urgence un changement de perspective.

Alors que 70% des aliments, qui sont sur la table des familles brésiliennes, proviennent des petits producteurs et de l´agriculture familiale, alors que trente millions de Brésiliens et Brésiliennes, ne mangent pas à leur faim dans les villes tentaculaires brésiliennes, l´agro-business et l´agro-industrie, mus par l´appât du gain rapide, continuent de caresser le rêve insensé de faire du Brésil le plus grand producteur mondial de viande bovine et de soja, en privilégiant les exportations vers les pays industrialisés et la Chine, au détriment de la population brésilienne et du milieu ambiant.

Concrètement, le Carême de partage 2023 propose de soutenir deux organismes qui défendent les Indiens et les petits producteurs, souvent menacés physiquement et spoliés de leurs terres. En premier lieu, la Commission Pastorale de la Terre (CPT), liée à la Conférence Nationale des Evêques du Brésil (CNBB) et accompagnée, jusqu´il y a peu, au niveau national, par André De Witte, évêque formé en agronomie, d´origine belge. Les sujets abordés sont extrêmement variés, comme : travail esclave, documents frauduleux, mouvement des Sans Terre, accès à la terre, usage des pesticides, engrais organiques, nouvelles techniques agricoles respectueuses de l´environnement, diversifica-tion des cultures…


En second lieu, la plateforme « Agro é fogo », réunissant une trentaine d´associations paysannes et de mouvements sociaux, qui enquêtent sur les agissements de groupes économiques pratiquant déboisement illégal, accaparement de terres, dévastation de l´environnement, incendies criminels… Traduit en français, le nom de la plateforme

signifie : « l´agro-business est dangereux, c´est le feu ». Le nom a un double sens.

En guise de conclusion, je citerai Helder Câmara qui disait : « Nous chrétiens, que faisons-nous pour construire des relations plus justes entre les peuples et pour lutter contre le péché social qui asservit tant de gens ? »

Jacques

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